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Comment éco-concevoir une expérience digitale ? Les trois défis à relever.

Eco-conception web et informatique : définition, enjeux et bonnes pratiques pour démarrer.

éco-conception web et informatique

La part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre est grandissante. Elle était estimée à 4% des émissions totales en 2018 par le Shift Project, c’est-à-dire plus que l’aviation. Les projections futures sont comme celles de l’utilisation du numérique : exponentielles.

Aux sources de l’éco-conception : prendre conscience des émissions du digital

Pour s’investir dans une démarche d’éco-conception web et informatique efficace, il est nécessaire d’identifier là où les émissions seront les plus importantes. Les équipes du collectif Green IT ont pointé les postes les plus pollueurs.

Sans appel.

C’est la fabrication des équipements numériques qui est majoritairement responsable. Le second poste est l’usage de ces équipements et principalement celui de la vidéo.

Eco-conception et sobriété numérique - Shift project
Lean ICT, pour une sobriété numérique (Rapport du Shift Project 2018)
Eco-conception : Empreinte environnementale du numérique mondiale
Empreinte environnementale du numérique mondiale (Rapport GreenIT.fr 2019)

Il devient évident que pour réduire les émissions du numérique, il faut limiter le renouvellement du matériel, rallonger sa durée de vie et lutter contre l’obsolescence technique (impossibilité de le réparer ou d’accéder à certains services) et l’obsolescence psychique (matériel trop lent ou désir d’en acquérir un neuf).

C’est la voie qu’a choisi WhatsApp en mettant l’accessibilité des terminaux au cœur de sa stratégie de déploiement, et en choisissant d’être disponible sur un nombre extrêmement important de téléphones plus ou moins anciens.

En début d’année, WhatApp a réduit la voilure et n’est plus accessible pour les terminaux de plus de 10 ans (antérieurs à Android 4.0.3 et iOS9), ce qui reste malgré tout cinq fois supérieur à la durée de vie des smartphones qui est estimée à un peu plus de deux ans.

Même tendance favorisant l’éco-conception chez Google. Depuis quelques années, l’algorithme de classement des pages mesure et prend en compte le temps de chargement des pages web.

Cette donnée devient encore plus cruciale en 2021 avec l’introduction des Core Web Vitals, trois critères qui valorisent les pages aux expériences rapides et stables.

Effet attendu : qu’ils réduisent le sentiment d’avoir un téléphone ou un ordinateur trop lent.

Éco-conception : 3 enjeux majeurs à adresser

Pour concevoir et développer des services numériques respectant une démarche d’éco-conception conduisant à limiter les émissions de gaz à effet de serre, plusieurs enjeux prioritaires doivent être relevés :

Enjeu d’éco-conception n°1 : concevoir des services accessibles sur des terminaux ayant 10 ans.

L’objectif est de réduire le sentiment d’obsolescence et celui d’avoir un téléphone ou un ordinateur trop lent. Chose qui entraine un renouvellement trop rapide du matériel.

D’après le calcul du Shift project, faire passer la durée de vie d’un ordinateur de 3 à 5 ans permettrait de diminuer de 37% ses émissions de GES. Quant aux smartphones, allonger leur durée de vie d’un an (de 2,5 à 3,5 ans) permettrait de les réduire de 26%.

Dont acte !

Enjeu d’éco-conception n°2 : se concentrer sur les fonctionnalités essentielles

Un très grand nombre de fonctionnalités ne sont pas nécessaires pour réussir à accéder ou à utiliser un service.

En se concentrant sur l’essentiel, on limite les fonctionnalités gadget pouvant ralentir l’interface, on réduit les temps de conception et de développement. En prime, on exprime son besoin de manière responsable.

La règle empirique des 80/20 nous dit que 80% de la valeur au client peut être délivrée avec 20% d’effort. Alors, plutôt que d’utiliser 80% de l’effort restant à combler des besoins probablement déjà assouvis par d’autres services, mieux vaut l’utiliser pour rendre les fonctionnalités essentielles inclusives et accessibles à tous.

Enjeu d’éco-conception n°3 : concevoir des interfaces d’abord mobiles

La conception en mobile first permet d’aller rapidement à l’essentiel et de supprimer les fonctionnalités ou les contenus superflus grâce à la contrainte d’un espace d’écran limité.

Cette approche supprime aussi les risques d’une mauvaise visualisation d’un site web pensé pour le format ordinateur lorsqu’il est consulté sur mobile.

Depuis plusieurs années, la navigation web se fait en majorité sur mobile, il faut s’appuyer sur cette pratique pour éco-concevoir les interfaces web.

A titre d’exemple, nous avons récemment adopté cette approche pour la création d’un espace client dans le secteur de l’Assurance. Nous en voyons très clairement les effets : les équipes perçoivent intuitivement que l’on ne peut pas « tout faire rentrer » sur une page d’écran mobile. Le débat évolue alors de « Il faut mettre aussi ma fonctionnalité sur la page » à « Qu’est-ce que l’utilisateur doit voir en priorité » ?

Les pages desktop reprennent la même quantité d’informations, ce qui les rend significativement plus lisible, mais aussi plus agréable et légère.

Mais concrètement, comment mettre en œuvre l’éco-conception ?

Historiquement l’éco-conception prend racine dans les métiers du développement, poussée par les réflexions du collectif Green IT qui appelle depuis de nombreuses années à des pratiques de développement plus respectueuses de l’environnement.

Aujourd’hui, des collectifs comme Les Designers Ethiques, une association qui planche sur la conception responsable et durable, portent la réflexion au niveau de la conception des services. Leurs recommandations détaillent l’étendue des possibilités d’éco-conception sur les interfaces. Mais une grande partie des préalables portent sur les premiers choix de conception d’un service.

Ainsi, les actions pour réduire le poids des images, des vidéos ou autres améliorations graphiques sont importantes, mais il faut avoir en tête que le choix d’utiliser ou non un grand nombre de vidéos ou d’images aura bien plus d’impact que d’optimiser leur poids.

Ceci étant dit, qui peut le plus peut le moins. Je vous partage donc tout de même ma check-list de bonnes pratiques d’éco-conception web (pour le détail, vous pouvez aussi consulter leur guide d’éco-conception numérique) :

  • Images : limiter le nombre et réduire le poids
  • Animations : limiter les gifs / carrousels / chatbots inutile (ou utiliser des formats légers, tels que des animations au format json)
  • Plugins / widgets : vérifier l’utilité des liens de partage des réseaux sociaux sous forme d’image (préférer du texte, ou des icônes au format svg), la carte google map, etc.
  • Contenus : utiliser un style très simple ou proposer des explications alternatives et pédagogiques pour les rendre accessibles à tous types de publics / niveaux d’études
  • Couleurs : avoir des contrastes élevés
  • Navigation : limiter les niveaux de navigation
  • Scroll : ne pas faire de déroulement à l’infini
  • Documents et emails : limiter le nombre de mails envoyés, le nombre de téléchargements de documents en affichant un résumé si possible, et réduire le poids des fichiers par défaut

Designers web, chefs de projets informatiques, …. l’éco-conception est l’affaire de tous

Les enjeux d’éco-conception impliquent des décisions qui sont parfois portées par les designers, mais aussi par des chefs de projet ou de produits qui doivent être aidés et sensibilisés à l’impact des décisions prises.

Une démarche collaborative doit être mise en place afin d’avoir un effet sur toutes les composantes d’un service numérique. C’est la bonne articulation du triptyque « Tech + Design + Métiers » au sein du projet qui va déterminer l’efficacité de la démarche d’éco-conception.  

Pour établir un objectif commun, le collectif Designers Ethique recommande d’établir un budget de Kilo Octet (Ko) par page. Ce budget-plafond permet de déterminer collectivement ce qui est essentiel sur la page et de trouver les leviers pour la mettre en place dans les limites du budget.

Pour mesurer l’efficacité des décisions prises, l’outil Eco-index permet d’estimer le poids des pages web et plus globalement leur impact environnemental. Nos amis d’Octo a étudié de près l’éco-index, voici les leviers permettant d’atteindre un meilleur score :

  1. Réduire la taille du DOM (Data Object Model) pour réduire le temps de chargement et la latence des pages. Le DOM décrit l’organisation de la page (les balises HTML) : plus votre page contient d’éléments, plus le navigateur utilise la mémoire du téléphone ou de l’ordinateur et le ralentit.
  1. Limiter le nombre de requêtes http ou serveur. En mobilité, le réseau n’est pas toujours optimal, et faire appel constamment à des serveurs peut nuire à la vitesse des pages. Limiter les requêtes évite aussi de sur-utiliser les réseaux et les serveurs : leur usage constitue les 3ème et 4ème poste d’émission de gaz à effet de serre (respectivement 16% et 14%).
  2. Réduire le poids des pages. Les pages lourdes ont tous les inconvénients : elles dégradent l’expérience utilisateur lorsqu’elles sont lentes (et accentuent le sentiment d’obsolescence), elles sont mal notées par les algorithmes de référencement et sur-sollicitent les réseaux et les serveurs.

Chaque acteur d’un service numérique dispose de leviers d’éco-conception

Évidemment, il ne s’agit pas ici de plaquer le même modèle à chaque service numérique, la démarche d’éco-conception doit être adaptée au service qui est conçu : application, service cloud, logiciel, site web, plateforme … Une analyse préalable permet de cibler les priorités de chaque projet.

 Pour parvenir à des décisions efficaces il est nécessaire que tous les acteurs connaissent les leviers qu’ils peuvent activer pour concrètement éco-concevoir des services numériques. Nous avons dans cet article exploré certains leviers collectifs, il en existe d’autres, parfois spécifiques à un métier.

Voici quelques pistes pour en trouver bien d’autres :

Bonne éco-conception à tous !  

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