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De bons conseils pour la planète – épisode 3

Dans cet épisode les conseils de Pierre-Rudolf pour réduire l'empreinte écologique de l'activité de développement informatique.

Nous continuons notre série avec le regard de Pierre-Rudolf, lead développeur chez Suricats. Dans cette courte interview, il nous dévoile les origines de son engagement et la manière dont il adresse les impacts environnementaux dans la pratique de son métier au quotidien. Loin de marcher sur une corde raide, Pierre-Rudolf n’a pas attendu pour prendre du recul sur les externalités du numérique sur la planète. Un regard éclairé, pratique et fortement engagé.

L'Interview

Numérique à impact positif : le regard de Pierre-Rudolf, lead développeur chez Suricats.

Interview menée par Malcolm, partner chez Suricats Consulting.

Quand as-tu pris conscience de l’impact du numérique sur la planète et ses habitants ?

Je le pressentais depuis un moment. Cela m’avait déjà interpelé quand j’étais étudiant de voir la rapidité du renouvellement des terminaux et matériels informatiques. C’était il y a 20 ans déjà ! Plus récemment, dans mon job précédent chez Qarnot Computing, nous avons fait une étude sur l’impact des data centers qui m’a enfin permis de mettre un chiffre en face de ce que je pressentais. Un data center consomme beaucoup d’énergie, notamment au travers de la climatisation nécessaire à contrebalancer la chaleur émise. Chez Qarnot, nous avons non seulement fait ce constat mais aussi cherché des solutions pour valoriser la chaleur produite. Allez regarder ce qu’ils font dans des immeubles d’habitation pour chauffer l’eau chaude sanitaire à partir de la valorisation de la chaleur dégagée par des calculs, avec presque pas de pertes et sans infrastructures lourdes…

Comment décrirais-tu ton engagement aujourd’hui et comment cela se traduit-il dans tes actions au quotidien ?

C’est aujourd’hui un peu moins l’impact du renouvellement des matériels qui m’interpelle. Avec les ordinateurs, on est arrivé à un pic : on peut se permettre de ne renouveler le matériel que quand il est cassé, pas parce qu’il arrive à un manque de puissance. De ce côté-là il y a du mieux. Cela ne m’empêche pas, à titre personnel, de renouveler au minimum mes devices. En tant que développeur, je n’ai changé que deux fois d’ordinateur personnel en quinze ans. Pareil pour mon téléphone, cela fait cinq ans que je l’ai.

Ce qui me questionne davantage aujourd’hui c’est l’impact négatif du numérique lié aux comportements de surconsommation. Je pense notamment à la surconsommation de services numériques. Par exemple, Netflix. Leurs algorithmes sont là uniquement pour pousser à consommer. Personnellement je suis allergique à cela, je n’aime pas « être le produit ». Le temps est trop précieux. Je ne veux pas tomber là-dedans !

 Chez Suricats tu es responsable de nos offres de services autour du développement logiciel. Peux-tu nous expliquer comment tu intègres de l’impact positif là-dedans ?

Pour faire du développement logiciel à impact positif, on travaille sur deux axes.

Le premier consiste à développer des applications qui sont vertueuses à l’usage. C’est moins la conception technique que les bienfaits liés à l’utilisation de ce que l’on développe qui a le plus d’impact. Par exemple, si tu développes une application de visio-conférence, l’impact est énorme si on le rapporte au nombre de déplacements potentiels que tu contribues à éviter. Bien entendu, cet axe est très dépendant de la nature des projets.

Ça n’empêche, et c’est le second axe, que l’on travaille aussi à optimiser la conception technique de nos développements. En essayant d’être le plus économe en ressources possible. Par exemple, on se pose systématiquement des questions du type « A-t-on besoin de trois serveurs ici ? » ou « Pourrait-on prendre un serveur moins puissant là ? ».

En faisant cela on vise principalement à jouer sur la réduction de la consommation d’énergie. On reboucle sur notre discussion autour des data centers du début !

En parlant de data centers justement, comment qualifierais-tu l’impact environnemental du cloud ?

Avant, pour un projet, on sortait la machine du carton, elle était à côté de nous. Maintenant dans le cloud, on n’a plus conscience d’avoir une salle de serveurs qui grossit physiquement. Cela peut avoir un effet pervers : « loin des yeux, gros sur le cœur ! » (du processeur, ndlr). Le cloud a facilité ça. Mais d’un autre côté, le cloud peut aussi être une partie de la solution, car le cloud permet beaucoup de flexibilité et d’optimisation dans les usages.

Tu peux nous donner un exemple ?

Dans le cloud tout est virtualisé. Pour chaque service à héberger, tu peux choisir la bonne taille de machine et ensuite la faire varier à la hausse ou à la baisse selon tes besoins. C’est ce qui permet notamment d’absorber facilement les pics de trafic en période de Noël ou au moment des soldes.

Avant il était difficile de gérer ces pics. Je devais décider par exemple d’installer cinquante machines en plus et je croisais les doigts. Et après l’évènement, ces cinquante machines je les avais sur les bras ! Avec le cloud, je peux en « quelques clics » les rétrocéder pour en donner la capacité d’usage à d’autres. C’est le cloud qui permet cette élasticité.

Et qu’est-ce que tu penses des data centers labellisés ?

Les labels, on doit parfois s’en méfier. Mais comme pour tout, ça dépend des labels !

Pour être labellisé ou pour être plus vertueux de manière générale, un data center peut jouer sur trois leviers : La source d’énergie tout d’abord. Par exemple, l’énergie d’origine nucléaire ou éolienne a un impact CO2 plus faible. La durée de vie des machines ensuite. C’est mécanique, c’est la fabrication des matériels qui a le plus gros impact sur la planète. En passant à une politique d’achat adaptée – en optant par exemple systématiquement pour des modèles standard – on peut faciliter la deuxième vie du matériel. Enfin, par l’optimisation de l’efficience énergétique du data center, où l’on essaye de tirer le maximum de chaque watt consommé. Cela passe également par la valorisation de la chaleur produite comme nous avons vu avec notre exemple d’eau chaude sanitaire au début.

Et dans ton métier de « Dev », quelles peuvent être les actions positives pour l’environnement ? La qualité du code par exemple ?

Oui, ça a un impact, mais à mon sens il n’est pas majeur. C’est plus dans les choix techniques que l’on peut avoir un rôle à jouer. Le problème c’est que certains devs aiment souvent utiliser la techno pour la techno ! Mais généralement la techno « qui brille » est souvent celle qui prend de la puissance de calcul… et donc qui est intrinsèquement plus énergivore. Parfois, on peut faire une chose très simple avec un résultat aussi bon qu’un gros algorithme qui sera très consommateur de ressources…

C’est le même écueil avec la blockchain. Dans 5% des cas la technologie est vraiment adaptée et résout un vrai problème. Dans les autres 95% on pourrait utiliser une technologie plus légère et moins gourmande. La blockchain apporte deux choses distinctives : la sécurité des données et la possibilité de se passer de tiers de confiance car l’information est par nature publique et partagée avec cette technologie. Quand je vois la blockchain utilisée par des organisations pour stocker des informations qui n’ont aucun caractère ultra-sensible et qui ne sont pas transparentes dans leur usage, ça me questionne. Par exemple, une enseigne de distribution alimentaire a-t-elle vraiment besoin de recourir à la blockchain pour assurer la traçabilité des produits alimentaires qu’elle distribue ? Il y a sans doute des moyens techniques plus classiques pour y parvenir.

Pour finir, comment fais-tu pour sensibiliser nos clients sur ces sujets ?

De manière générale, comme on travaille en relation étroite avec les développeurs de nos clients, on en profite toujours pour faire de l’acculturation sur ces enjeux. C’est un travail d’influence au quotidien qui finit par faire passer des bonnes pratiques dans les habitudes et les comportements.

Sinon, quand on est en posture de conseil sur des choix de technologies, nous avons ce devoir d’influence. Nos clients ont souvent une idée sur les solutions techniques, avant même que l’on arrive sur le projet. Mais il est de notre devoir de leur proposer des choses auxquelles ils n’auraient pas pensé, surtout si elles sont plus vertueuses. Les technologies bougent vite. Grâce à la veille que nous faisons, on peut éclairer sur ce qu’il est possible de faire.

Par exemple, il y a quelques années je travaillais pour un client qui voulait concevoir une solution pour suivre les données de consommations de ses clients. Il voulait développer une application qui devait aider des techniciens à relever des compteurs. On leur a dit de fabriquer un compteur connecté. A l’époque ce type de compteur était véritablement innovant, et donc assez coûteux à produire. Mais cela permettait aussi d’économiser des millions de kilomètres de déplacements en voiture tous les ans pour aller faire les relevés. C’était une économie énorme, et autant de gaz à effet de serre en moins !

Pour le mot de la fin, aurais-tu un dernier conseil à partager avec nous ?

L’action qui a le plus d’impact sur la planète est celle que l’on ne fait pas !

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