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COP15 sur la biodiversité : Notre récap.

Ce qu'il faut retenir du nouveau cadre pour la biodiversité suite à la COP15 de Montréal

Le 6 décembre dernier, démarrait à Montréal la COP15 sur la biodiversité. Événement effacé médiatiquement, l’objectif était pourtant de taille : poser un nouveau cadre mondial pour la décennie et parvenir à un accord permettant de stopper et inverser la perte de la biodiversité.

Elle a fait suite à la COP27 sur les changements climatiques un mois plus tôt en Egypte (du 6 au 18 novembre 2022) dont le but était de renforcer l’ambition en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en cohérence avec l’accord de Paris, pour limiter le réchauffement climatique, un des facteurs de perte de la biodiversité. 

biodiversite

Avant de commencer… Mais c’est quoi déjà la biodiversité ?  

La biodiversité désigne l’ensemble des formes de vie et les interactions entre elles. Bien qu’il n’existe pas de définition unique de la vie, on fait souvent référence à la reproduction, l’hérédité, la présence d’eau, les organismes…

Dans « biodiversité », il y a également le mot « diversité ». Nous pensons alors à la diversité des espèces, la diversité des milieux naturels, la diversité des écosystèmes, la diversité génétique ou encore la diversité fonctionnelle (les caractéristiques d’une espèce).   

Malheureusement, les activités humaines ne sont plus soutenables et la perte de la biodiversité est aujourd’hui un phénomène réel et urgent : la planète est confrontée à sa plus grande perte de vie depuis les dinosaures, 1 million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction.  

Mais il ne faut pas oublier que ce déclin a aussi un impact direct sur la vie humaine, qui dépend en effet des services écosystémiques (les multiples avantages que la nature apporte). La perte de la biodiversité dégrade ces services qui fournissent par exemple des aliments nutritifs et de l’eau propre, régule la qualité de l’air, du climat, les maladies…  

Quels sont les principaux facteurs causant la perte de la biodiversité ? 

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), surnommée le “GIEC de la biodiversité” a classé en 2019 5 principaux facteurs justifiant la perte de la biodiversité : 

COP15 Biodiversité Déclin vivant

Pourquoi la COP15 de la biodiversité était-elle si importante ? 

La perte d’espèce a toujours existé mais comme évoqué précédemment, la planète est aujourd’hui confrontée à sa plus grande perte de vie. La disparition des espèces est en effet 100 à 1000 fois supérieur au taux naturel, c’est pourquoi on parle même d’une « 6ème extinction de masse », qui serait la première attribuée à l’Homme… C’est dans ce contexte d’urgence que la COP15 a pour enjeu de trouver un accord et mettre en place des mesures concrètes, rapides et efficaces qui permettent de limiter drastiquement ce phénomène.  

 

Ayant lieu tous les 2 ans, et compte tenu de la crise sanitaire, la COP15 était la première permettant de fixer des objectifs ambitieux pour la décennie 2020-2030. Le dernier accord pour une décennie remonte à la COP10 de 2010 à Nagoya, qui avait abouti aux objectifs d’Aichi, qui n’ont malheureusement pas été atteints.  

Quels sont les objectifs phares décidés lors de la COP15 ? 

Les discussions lors de la COP15 ont permis la signature de l’Accord de Kunming-Montréal, présentant 23 cibles (Targets) pour 2030. Tour d’horizon des mesures clés : 

  • Protéger 30% des terres et des mers d’ici 2030(Target 1) :  Pour atteindre cet objectif, il est évoqué la création d’aires protégées, en s’assurant que ce soit en accord avec les peuples autochtones qui possèdent, habitent ou utilisent environ 20% des terres abritant 80% de la biodiversité subsistante sur terre.
  • Restaurer 30% des écosystèmes (un écosystème est un ensemble d’êtres vivants en interaction avec leur environnement) (Target 2)Il s’agit de veiller à ce qu’au moins 30% des zones dégradées soient restaurées d’ici 2030 (pour rappel, la restauration est le fait de ramener à un état initial ce qui a été dégradé, à différencier de la régénération qui crée les conditions favorables aux écosystèmes pour se développer et prospérer, pour générer des impacts positifs nets).
  • Réduire de moitié l’impact des pesticides et produits chimiques hautement dangereux(Target 7) Cette mesure vise à s’attaquer à la pollution. Plusieurs pistes ont été évoquées : généraliser les pratiques durables agricoles, forestières et de la pèche, éliminer la pollution plastique, lutter contre les parasites…
  • Encourager les entreprises à évaluer et divulguer régulièrement leurs risques, dépendances et impacts sur la biodiversité (Target 15) : Elles sont encouragées à évaluer et rendre public l’impact de leurs activités sur la biodiversité, tout au long de leurs opérations, chaînes d’approvisionnement et de valeur et portefeuilles. Elles sont aussi incitées à fournir les informations nécessaires aux consommateurs pour promouvoir des modes de consommation durables.
  • Augmenter les financements en faveur de la protection du vivant(Target 19) : Les pays riches s’engagent d’ici 2025 à fournir 20 milliards de dollars par an aux pays en développement, pour les aider à faire face à la crise de la biodiversité (la COP27 a elle aussi tenu un engagement similaire, avec la création d’un fond pour les pertes et dommages causés par le réchauffement climatique dans les pays du sud). 

    D’ici 2030, le montant de cette aide pourra atteindre 30 milliards de dollars par an, ce qui représente plus du triple de l’aide actuelle. La formulation choisie permet d’intégrer les États-Unis, non signataires de la Convention pour la biodiversité, et ouvre la voie à l’intégration de la Chine ou des États arabes parmi les donateurs. La COP15 approuve aussi la création d’un nouveau fonds dédié à la biodiversité au sein du Fonds mondial pour l’Environnement (FEM) pour faciliter l’accès aux ressources et vise la réduction des subventions néfastes à la nature à hauteur de 500 milliards de dollars par an d’ici 2030. 

Pour ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’avec les objectifs d’Aichi de 2010 – qui n’avaient pas de processus de suivi ni d’évaluation – ont été évoqués :  

  • Le développement d’outils de planification et le suivi commun entre les pays avec des indicateurs précis
  • L’incitation pour les états à publier leur plan biodiversité  
Biodiversité Planète B

Notre avis

La COP15, qualifiée d’historique, pose une bonne base de travail pour la biodiversité. Malheureusement, certains objectifs sont pour nous dépourvus d’actions concrètes et mesurables : comment atteindre ces cibles, qui en porte la responsabilité, quel plan de mise en œuvre ? Qui mesure, et comment ? 

Bien que l’intention de poser un cadre de suivi ait été discuté, l’accord ne prévoit pas de mécanisme contraignant pour inciter les pays et/ou les entreprises à suivre leurs engagements. 

 

Dans le même esprit, l’objectif phare “Protéger 30% de la planète d’ici 2030” qui s’apparente presque plus à un slogan marketing qu’à une mesure concrète prête à débat : il est légitime de se demander pourquoi affiche-t-on 30% ? Il n’y a à ce jour pas de base scientifique claire qui justifie ce nombre.  

De plus, comment identifier les 30%, dans un contexte où il n’y a pas de consensus sur la définition des aires protégées ? Est-ce suffisant ? Que fait-on des 70% restants ?  

 

Mais cette COP15 est malgré tout d’une avancée majeure ! Car à la fois bien plus médiatisée que la COP10 de 2010 et porteuse de mesures et d’intentions qui, à termes, induiront une prise en considération plus forte de la biodiversité par les entreprises : 

  • Veiller à ce que les consommateurs fassent des choix de consommation durables et réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondiale (Target 16)  
  • Prendre les mesures réglementaires nécessaires pour encourager les entreprises à évaluer leur impact sur la biodiversité (Target 15)  

Pour encourager la reconnexion du monde de l’entreprise avec la nature et ouvrir la voie aux transitions vers des modèles et pratiques plus régénératives…  

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