Surivoice-Podcast-Digital
28 mars

Webinaire "Économie Régénérative"
En savoir plus

Et si la nouvelle stratégie des entreprises était de devenir plus responsable ?

RSE, BCorp, impact positif... Alexis Krycève  nous éclaire sur les raisons qui poussent de plus en plus d’entreprises à repenser leur stratégie au service du bien commun

Vous entendez parler de BCorp, d’entreprises à impact positif constamment sur votre flux Linkedin ? L’acronyme RSE est enfin clair pour vous, mais vous vous demandez encore si votre entreprise peut ou doit s’inscrire dans ce changement sociétal ?  

On se pose beaucoup cette question chez Suricats et pour vous apporter quelques réponses, je vous propose l’interview révélatrice d’Alexis Krycève, un entrepreneur qui se donne pour mission d’engager les grandes entreprises.  

Chloe Payot : Bonjour Alexis. Tu es fondateur de HAATCH, un cabinet de conseil en stratégie RSE et mesure d’impact, et de l’entreprise Gifts for Change qui propose des goodies écologiques et engagés pour de grandes causes. J’ai souhaité t’interviewer pour comprendre un peu mieux les enjeux et les désirs qui poussent de plus en plus d’entreprises à repenser leur stratégie au service du bien commun. 

Qu’est-ce qui t’a poussé à t’engager sur ce terrain écoresponsable ?  

Alexis Krycève : Je suis sorti d’HEC en 2001 avec la volonté d’entreprendre des projets utiles. J’avais fait un voyage humanitaire au Nepal et travaillé pour Alter Eco, une société de commerce équitable, où j’avais fait des rencontres humaines fortes et œuvré pour améliorer les conditions des producteurs agricoles. 

C’est avec ce même objectif que nous avons créé PUR Projet : l’idée était de mesurer, réduire et compenser notre empreinte carbone en permettant aux producteurs agricoles d’améliorer leurs terres, leurs revenus et leur résilience face au changement climatique en plantant des arbres.  

Chloe Payot : C’est après ces expériences que tu as décidé de fonder HAATCH ?

Alexis Krycève : Oui. J’ai la conviction que les entreprises ont un rôle majeur à jouer pour changer la société. C’est pour elles un élément de différenciation, de gains financiers, de fidélisation des clients, de motivation de leurs employés… 

C’est aussi mettre au cœur de leur mission, un propos engagé pour l’avenir, et garantir ainsi leur pérennité. Avec HAATCH, nous accompagnons les sociétés sur des missions d’impacts environnementaux et sociaux. Nous repensons leurs stratégies, nous apportons du soutien dans la réalisation des projets RSE, nous aidons à la certification (BCorp, Lucie, …) et nous réalisons des mesures d’impacts.

Chloe Payot : Quelles sont les solutions pour une entreprise qui souhaite mettre en œuvre une stratégie à impact positif ?  

Alexis Krycève : La clé c’est d’avoir un Territoire d’Engagement qui corresponde à ses savoirs faire et à son identité. Quelque chose de singulier, de spécifique, qui adresse les enjeux réels et serve la marque. Il faut identifier les zones où RSE et bénéfices se rejoignent. Ceux qui reprochent aux entreprises de faire de la RSE pour générer du business se trompent de débat. Il faut bien que cette démarche serve aussi l’entreprise, c’est ainsi qu’elle prend tout son sens et c’est la meilleure garantie de son impact et de sa pérennité. 

Pour un projet RSE, on s’engage de manière itérative. Il faut des quick wins et des gains symboliques pour commencer. Je ne connais pas de société qui, une fois lancée, recule. C’est une transformation progressive qui devient de plus en plus forte avec le temps. Il faut donc d’abord comprendre l’identité de l’entreprise et trouver des actions à impacts positifs cohérentes. Et ensuite, mettre en place des indicateurs, communiquer et partager les actions réalisées. Cela doit devenir un vecteur de rayonnement, de fierté aussi bien en interne qu’en externe. 

Chloe Payot : On a parfois l’impression que les entreprises engagent des actions RSE anecdotiques ou quleurs actions viennent simplement redorer leur image. On parle beaucoup de greenwashing lorsqu’une entreprise transmet au public des informations qui déforment des faits dans le but de paraître socialement ou environnementalement responsable. Qu’en penses-tu ? 

Alexis Krycève : Le greenwashing existe bien sûr et certains critères permettent de le déceler : des images et communications abusives, approximatives, l’absence de preuves... J’ai écrit un article sur la communication responsable et crédible 

J’y précise notamment que « l’âge d’or du greenwashing, où il suffisait de réduire de 3 grammes le poids de son emballage ou la consommation de CO2 de son dernier modèle de voiture pour se gargariser, est heureusement derrière nous. Et même s’il reste encore quelques têtes brûlées pour s’y essayer de temps à autre, avec plus ou moins de talent, le retour de bâton et le bad buzz qui s’ensuivent suffisent en général à enseigner à ces aventuriers de la communication extrême que, comme disait Bourvil, le dire c’est bien, mais le faire, c’est mieux.«  

Je crois pour ma part que la communication, pour peu qu’elle réponde à un certain nombre de critères de bon sensest nécessaire et même indispensable. Il faut communiquer et faire preuve d’humilité, être authentique et transparent. 

Chloe Payot : Pas d’entreprises adeptes du greenwashing, donc, chez HAATCH  

Alexis Krycève : Nous rencontrons des entreprises qui ont envie de s’engager sérieusement. Elles doivent choisir des axes de missions sociales et travailler sur leur Raison d’Etre. Quand une entreprise s’engage sur cette voie, elle passe par plusieurs paliers Dnon conforme au Réglementaire d’abord, qu’on peut aussi qualifier de « responsable », puis elle devient Engagée (proactive et offensive sur des sujets RSE) et enfin Sociale, quand les missions business et RSE sont confondues. C’est souvent un travail discret. 

La mise en conformité d’une usine par exemple est assez « rasoir » et peut prendre du temps (plus d’un an pour devenir ISO14001). On n’en parle pas, on ne communique pas ou, quand on le fait, on est parfois déçu du manque de répercussionscar ces sujets de conformité ne sont pas « sexy ». Et pourtant, ils sont clés et très impactants 

Adopter une stratégie d'entreprise plus responsable : ce que prévoient les labels ISO 26000, BCorp et ISO 14001

ISO14001 :  

La norme ISO 14001 définit une série d’exigences que doit satisfaire le système de management environnemental d’une organisation pour que celle-ci puisse être certifiée comme répondant à la norme. 

La norme ISO 14001 repose sur le principe d’amélioration continue de la performance environnementale. Elle représente 18 exigences répartis en 6 chapitres : 

  • Les exigences générales ; 
  • La politique environnementale ; 
  • La planification ; 
  • La mise en œuvre des actions pour satisfaire à la politique environnementale ; 
  • Les contrôles et les actions correctives ; 
  • La revue de la direction.

Chloe Payot : Il existe aujourd’hui des labels qui prouvent un certain niveau de conformité et sur lesquels les entreprises peuvent se reposer. Le Label BCorp par exemple certifie les entreprises privées qui intègrent dans leur mission, leur modèle économique, leurs effectifs, leurs produits ou leurs services, des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux. Sa croissance est exponentielle ces dernières années (plus de 150% de demandes en 2018). On compte aujourd’hui 2500 entreprises certifiées dans le monde. 

C’est un sujet sur lequel vous accompagnez les entreprises. Suricats y travaille également. Vous êtes-vous même certifié BCorp.

Pourquoi avez-vous choisi ce label plus qu’un autre ?

Alexis Krycève : La norme ISO 26000 est déjà un très bon cadre, et certains labels s’appuient très largement sur elle pour définir leur cahier des charges (Label Lucie par exemple). Le label BCorp permet par ailleurs de fédérer un mouvement international qui rassemble des organisations ayant une certaine vision progressiste du capitalisme, de l’entreprise et de son rôle. C’est un cercle d’initiés qui partage des bonnes pratiques, et sa notoriété croissante permet de dégager une certaine clarté dans un environnement souvent complexe pour certains. 

Pour obtenir le label BCorp, il faut faire un screening complet et mettre en place des démarches et les documenter (charte d’achat pour ses fournisseurs, bilan carbone, livrets d’accueil des salariés, réduction des déchets, des consommations énergétiques, transparence, etc) Ce sont des actions structurantes à long terme, mais aussi des motifs de fierté à partager et à célébrer. Cette formalisation est déjà un premier pas que l’on peut faire en engageant les salariés dans la démarche. 

Il existe plusieurs labels très intéressants, ce qui compte est de choisir un cadre avec lequel on se sente en affinité.

ISO26000 :  

La norme ISO 26000 est une norme établissant les lignes directrices relative à la responsabilité sociétale des entreprises1. Elle définit comment les organisations peuvent et doivent contribuer au développement durable. C’est une norme de lignes directrices et non d’exigences, elle n’est pas « certifiable » puisqu’on ne peut pas vérifier la conformité d’une mise en œuvre. 

Elle se base sur 7 axes de réflexions : 

  • La gouvernance de l’organisation ;
  • les droits de l’homme ;
  • les relations et conditions de travail ;
  • l’environnement ;
  • la loyauté des pratiques ; les questions relatives aux consommateurs ;
  • les communautés et le développement local. 

Chloe Payot : Effectivement, ces labels ont le mérite de donner un cadre et des guidelines pour les entreprises. Pour autant, une stratégie RSE va plus loin que cela. Tu nous as donné les clés de la réussite pour une entreprise, à l’inverse comment peut-on rater sa stratégie RSE ? Je rappelle d’ailleurs que tu as également écrit un article à ce sujet 

Alexis Krycève : En quelques points, il faut absolument travailler avec les équipes offres et marketing pour que la stratégie RSE proposée soit en cohérence avec celle de production de l’entreprise. Il ne faut pas sur-communiquer ou communiquer avant d’agir. La communication doit être maitrisée pour contribuer à un éveil des consciences. Il ne faut pas chercher à cocher toutes les cases d’un plan RSE mais plutôt l’orienter sur les axes spécifiques qui ont un rapport avec la stratégie globale de l’entreprise. Il faut ensuite y aller petits pas par petits pas avec les collaborateurs. C’est un travail commun qui touche à la Raison d’Etre 

Chloe Payot : Je te rejoins sur le sujet de la Raison d’Etre. C’est au cœur des problématiques des entreprises aujourd’hui et c’est un levier pour transformer les sociétés actuelles. Quels sont tes espoirs quant à l’évolution des entreprises et de leurs impacts dans le futur ?

 

Alexis Krycève : Je crois à une prise en compte de plus en plus forte du rôle social de l’entreprise. Elle ne peut plus se contenter du seul intérêt des associés -qui lui-même, soit dit en passant, s’étant au-delà de la seule rentabilité financière-, elle se doit de contribuer au bien commun. Sans cela, je pense qu’une entreprise est une coquille vide. Et puis c’est tellement plus riche, plus fort, plus épanouissant et ambitieux ! 

Celles qui ne pensent pas à leurs impacts finiront par être pénalisées : les entreprises les plus engagées seront les leaders de demain. La question qui reste en suspens, c’est : irons-nous assez vite ?

Partager
Une question ?
vous répond
(n'hésitez pas)
Nous contacter

Une question, un projet ? C’est ici !

Logo Suricats Consulting

Pour accéder au contenu, remplissez le formulaire.

Puis direction … votre boîte mail!

Écrire à
Il reste des places à notre formation inter-entreprises au Design Thinking du jeudi 31 mars 2022.